La ville de Dives doit à Pierre-Eugène Secrétan la création, en 1891, d'une l'usine d'électro-métallurgie spécialisée dans la transformation du cuivre par électrolyse. À sa mort, en 1899, ses deux gendres, Arthur Demmler et Daniel Bethmont, deviennent directeurs généraux de la Société qui se rebaptise, l’année suivante Société d'électro-métallurgie de Dives.
Né en 1836, cet autodidacte talentueux éprouva, dès son plus jeune âge, une fascination pour le cuivre et grâce à une volonté farouche, doublée d’une intelligence exceptionnelle, il se retrouva très vite dans les années 1881-1886, à la tête d’une société métallurgique rivalisant avec les entreprises anglaises : la « Société industrielle et commerciale des métaux ».
Ce « Napoléon du cuivre », au sommet de sa gloire et au savoir-faire reconnu va tenter de prendre le contrôle du marché mondial du cuivre, détenu jusque là par les Anglais. Hélas, cette opération ambitieuse, pour le moins hasardeuse, sur le cours des cuivres va se terminer par un échec retentissant en 1889 : liquidation judiciaire de la « Société des Métaux » et perte de son patrimoine personnel.
Bernard Ouardes
Ami de Bartholdi, Secrétan a contribué à la réalisation de la Statue de la Liberté pour laquelle il a offert 300 tonnes de cuivre. Collectionneur d'Art passionné, il a réuni des œuvres de maîtres anciens de toute l'Europe (Frans Hals, Rembrandt, Rubens, Canaletto, Velasquez, Drouet, Boucher), qui côtoyaient des tableaux de l'école française moderne, dont les artistes de l'école de Barbizon (Millet, Corot, Rousseau, Dupré) formaient la majeure partie, des tableaux ou dessins d'Ingres, Courbet, Delacroix, Géricault complétant cette collection éclectique, que Secrétan ouvrait, à des visiteurs triés sur le volet, un jour par semaine, en son hôtel particulier de Paris. Après la faillite de la Société des Métaux, la collection Secrétan fut mise sous scellés, puis dispersée lors de la vente de 1889 dont le retentissement fut considérable.
Dès 1891, ce lutteur infatigable qui croit toujours en son étoile, désireux de prendre sa revanche, va se remettre en selle grâce à l’alliance avantageuse avec les frères Elmore, ingénieurs anglais. Secrétan est chargé de créer une usine métallurgique en France permettant la commercialisation d’un brevet déposé, basé sur l’électrolyse du cuivre. Dès le départ, Secrétan juge les investissements trop faibles, et à la suite de l'échec d'une augmentation de capital en 1892, la société est mise en liquidation, ce qui permet à Secrétan de reprendre l'affaire à son compte. Secrétan devient alors seul propriétaire de la nouvelle « Société d’électrométallurgie de Dives ». Sa faculté d’adaptation à l’évolution scientifique, son efficacité et une organisation pragmatique de l’établissement industriel, permettent à Secrétan de faire de l’usine de Dives/Mer un modèle du genre dans la manière de travailler et de façonner le cuivre. Lorsqu'il décède en 1899, l'usine produit 5.500 tonnes de cuivre transformé.
Le buste de Secrétan réalisé d'après un moulage de Bartholdi, a été installé devant les bâtiments de l'usine en 1900 lors d'une grande cérémonie à laquelle participaient les ouvriers. Un hymne à Secrétan, composé par un ouvrier invitait les habitants à chanter sur l'air de la Marseillaise :
"Allons, habitants de Dives,
Saluez, ce grand ami,
Chantez, Chantez, tous en passant,
Honneur à Secrétan."
En décembre 1900, le Conseil municipal a décidé de renommer le Chemin de l'Ancienne Gare "Avenue Secrétan".