L’usine avait besoin d’ouvriers ! Lors de la Grande Guerre, la main d’œuvre coloniale constitue le premier apport d’étrangers. Ce sont essentiellement des Marocains. Pendant des années, fuyant les révolutions, la guerre et la misère, Polonais, Russes, Italiens, Portugais et bien d’autres arrivent avec juste quelques bagages. Et si les journaux de l’époque relatent des faits divers impliquant des étrangers, la mémoire des Divais ne retient que l’idée d’une intégration réussie.
Si les Bretons arrivés dès les années 1900 ne sont pas des étrangers, leur communauté en avait toutes les caractéristiques : les grand mères et les jeunes enfants ne parlaient que le breton ! Les hommes souvent arrivés seuls fuyaient la misère, ils encourageaient des voisins ou leur promise à venir les rejoindre.
Ainsi, plusieurs familles originaires de petits villages d’une même partie du Finistère se sont installées à Dives. Certaines ont ouvert des commerces dans lesquels toute la communauté bretonne s’approvisionnait. Le jeu « pirli » a peut-être été amené à Dives par les Bretons !
Des Belges fuient l’invasion des Allemands lors de la Grande Guerre. Des Italiens après avoir travaillé dans les mines du Nord sont embauchés dans le bâtiment. Des Algériens rejoignent la mère Patrie avant la guerre d’Algérie.
Des Portugais bâtisseurs participent à la construction de l’usine et des cités, parmi eux, Euclides Da Costa Ferreira crée à Dives un jardin de mosaïques : « La Maison Bleue ». D’autres nationalités sont représentées dans la population de Dives, des Suisses, des Ukrainiens.
En 1891, Dives compte 1450 habitants. En 1931, ils seront 5400 dont 1400 étrangers.
Pendant la Grande Guerre, pour pallier au départ des hommes, il est fait appel à un contingent de Marocains qui viennent travailler à l'usine.
Ils font partie des premiers étrangers qui arrivent à l'usine. Encadrés par un militaire, ils sont logés dans des cités situées près du port. Plus tard, des petites maisons formeront le camp marocain qui accueillera de nombreux étrangers, pour la plupart célibataires.
Fuyant la révolution de 1917, certains Russes Blancs sont arrivés en France dans des circonstances très difficiles, ils ont parfois intégré la Légion Etrangère avant d’acquérir la nationalité française.
« Valentina Igornovna était une ancienne infirmière de l’armée impériale russe, mariée à Vania Abouvkine, frère d’Alexeï, ancien lieutenant de la Cavalerie du Don, et qui, après avoir embroché du germanique sur le front russe en 1914 était devenu boucher à Dives-sur-Mer».
Jacques Sergeff
En 1936, on compte 50 noms de familles russes installées à Dives. Un culte orthodoxe était célébré dans un baraquement faisant office de chapelle.
De nombreux Polonais sont arrivés après la Grande Guerre avec un contrat de travail établi en accord avec les gouvernements des deux pays. Arrivés seuls, ils faisaient venir leur famille plus tard.
Avec l’aide de l’usine, la communauté s’est vite organisée, une école polonaise était installée dans un baraquement, les enfants y complétaient leurs connaissances en polonais. Les familles se retrouvaient pour partager leurs activités traditionnelles, confection d’édredons et d’oreillers en plume, cuisine et autres ...
« Toutes les vieilles Polonaises venaient à la maison pour plumer les oies et faire du duvet. Ça volait partout dans la pièce ! ».
Henryck Pudelko
Parmi les ouvriers de Dives-sur-Mer, Bretons, Polonais, Italiens ou encore Marocains constituaient des communautés venues pour travailler à l'usine.
Ces témoins racontent l'arrivée de leur famille et leur intégration à Dives.